Être français : l'auberge espagnole.

Publié le par Thibault GHEYSENS

A son initiative, le gouvernement français organise un débat sur l'identité nationale.
La question est posée sous la forme : Pour vous, qu’est-ce qu’être français ?

Les réponses oscillent entre les propos des extrêmistes de droite, qui affirment qu'être français c'est aimer l'acordéeon et manger du cochon, et ceux d'un homme politique très à gauche gauche qui dit que c'est simplement avoir la carte d'identité française et bénéficier des droits (et devoirs) qui y sont attachés.

Entre les deux, c'est un inventaire à la Prévert (un français), où se cotoient la laïcité, la révolution de 1789, Zola, Maupassant, le pot au feu, la poule au pot, l'édit de Villers cotteret, la marseillaise de Gainsbourg et Charlélie Courture, et bien d'autres encore.

D'un autre coté, il y a l'argument qui consiste à dire que le débat est instrumentalisé par la droite pour récupérer des voix de l'extrême droite dans la perspective des prochaines élections régionales, et qui n'est pas sans fondement.

Que faire alors ? soit participer au débat, et en cautionner les commanditaires, ou l'ignorer et laisser la droite occuper le terrain sur un sujet qui intéresse malgré tout nos concitoyens. Autrement dit, comment donner aux gens un aperçu de la pensée des écologistes, au sens large, sur le sujet, tout en restant à l'extérieur du débat.

Une autre question me taraude alors l'esprit : est ce que ce débat concerne l'écologie ? Ce n'est pas évident a priori. Le seul endroit où nous pourrions y voir un intérêt c'est en se plaçant sous l'angle d'une écologie appliquée au réel et que dans le réel la question se pose, mais il ne suffit pas que le gouvernement décrète le débat, ni même qu'il soit suivi, pour qu'il concerne le réel.

Donc du point de vue de l'écologie, des risques environnementaux, des crises systémiques de l'économie et de la finance, du dérèglement climatique et du changement de paradigme auquel nous ne pouvons pas échapper, ce débat n'a pas beaucoup de sens et ne concerne pas la question de l'écologie.
Sans que ce soit déshonnorant pour son auteur, ça n'a pas vraiment de sens que de dire qu'être français, c'est respecter la nature et vouloir un environnement sain pour soi comme pour l'humanité.

Du point de vue de l'écologie appliquée, le seul endroit qui m'apparait en jonction entre l'écologie réelle et  l'interrogation sur "qu'est ce qu'être français", c'est la démocratie. Pour être précis, c'est à travers la question de la démocratie participative, élément central du développement durable appliqué au réel, que l'écologie doit répondre à la question posée par le gouvernement.

D'où une proposition : Être français, c'est ce voir garantir de participer à la construction des politiques publiques de développement durable dans le cadre de la démocratie participative (pour autant que l'on s'entende sur la définition).

Proposition largement insatisfaisant, qui m'inspire au final deux choses :

D'après Coluche : Être français, c'est plus dur quand on est petit, noir, homosexuel, juif, écologiste et pauvre.
Paraphrasant Mitterrand : Mépriser l'évènement. Avoir la passion de l'indifférence.














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